Zimmer Bradley,Marion-La princesse au dragon(The Gratitude of Kings)(1997).OCR.French.ebook.AlexandriZ.pdf

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MARION ZIMMER BRADLEY
Avec la collaboration d’Elisabeth Waters
La Princesse au Dragon
Traduit de l ’anglais (Etats-Unis) par Monique Lebailly
Jeunesse
ÉDITIONS DU ROCHER
Jean-Paul Bertrand
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A ma fille, Moira,
et à mon petit-fils, Robert Jeffrey
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Lythande, adepte de l’Etoile bleue, mage ambulant et parfois
ménestrel, pénétra dans la cour intérieure du château royal de
Tschardain, encore accompagnée de quatre gardes. Douze
autres s’taient dtachs de leur groupe ds la cour extérieure.
C’tait une escorte impressionnante pour un magicien solitaire
n’ayant nul besoin d’tre protg, mais elle savait que leur
maître aimait les actes ostentatoires, surtout si d’autres que lui
accomplissaient le travail. Cela faisait sans doute plaisir au
prince de pouvoir envoyer un si grand nombre de soldats quérir
un unique mage. Son motif n’avait rien de courtois ; le fait
qu’elle soit une femme restait le plus grand secret de Lythande,
celui qui protégeait ses pouvoirs magiques. Dans quelques rares
occasions, elle avait même tué pour en empêcher la divulgation.
Si on la proclamait femme porte d’oreille d’un homme, le
Pouvoir de l’toile bleue lui serait retir et elle mourrait.
A vrai dire, Lythande n’tait pas tout fait sre d’avoir
souhaité se retrouver là. Le capitaine des gardes envoyé pour la
convoquer l’avait informe que son maître, le seigneur Tashgan,
serait infiniment reconnaissant au magicien s’il acceptait cette
invitation à son couronnement, et Lythande, au long des siècles,
avait acquis une certaine expérience de la « gratitude » des rois.
Elle avait déjà eu brièvement affaire à Tashgan, dix ans
auparavant, lorsque ses deux frères étaient morts, faisant de lui
l’unique hritier de leur pre. l’poque, mnestrel itinrant, il
faisait chaque anne l’aller et retour de la cour de son pre
Northwander, buvant et courant les femmes en cours de route.
Il n’avait pas librement choisi cette vie ; un sort jeté sur son luth
par la magicienne de la cour, qui avait obéi en cela aux ordres de
ses frères, décidait de sa route et de la durée de son séjour dans
chaque ville ou chaque cit. Ils s’taient assurs qu’il ne resterait
pas assez longtemps dans un lieu pour se gagner des alliés
capables de comploter contre eux mais quand leur mort fit de
lui l’unique hritier, le sortilge posa un vrai problme.
Lythande avait échangé son luth contre le sien, lui permettant
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ainsi de rentrer dans le royaume dont il hériterait et, autant
qu’elle le sache, cette solution l’avait satisfait.
Lythande était curieuse de voir les conséquences de cette
stabilité. Les gardes lui avaient seulement dit que le roi était
enfin mort et que Tashgan avait besoin de ses services. Et c’tait
bien plus agréable de voyager avec des gens qui, sur le terrain de
campement, accomplissaient les corvées et réglaient la note
dans les auberges.
La route, dans les montagnes de Tschardain, avait paru
curieusement facile. Le plus gros problème était que deux ou
trois gardes semblaient terrifiés par Lythande – ou peut-être
simplement par les magiciens en général. Le temps était doux
pour un dbut d’hiver, les auberges confortables et
suffisamment proches pour que l’on se rende tranquillement de
l’une l’autre, et les routes bien entretenues. Nanmoins,
Lythande fut surprise de voir en approchant du château ce qui
semblait être une fête foraine de bonne taille installée sur une
esplanade rocheuse, aux pieds des murailles. Elle questionna les
gardes, mais le capitaine se hta de rpondre qu’il ne s’agissait
que d’une foire qui se tenait l tous les ans, qu’elle n’ouvrirait
que le lendemain, que cela ne regardait en rien le maître mage,
et que le seigneur Tashgan attendait, donc si l’honorable
magicien voulait bien les accompagner Lythande eut dans
l’ide que le pauvre homme l’aurait volontiers tirée par les
cheveux jusque dans le chteau, s’il avait os.
La cour intérieure était pleine de gens affairés qui
préparaient le couronnement du Grand Roi de Tschardain. Le
bruit tait incroyable, l’air plein de fume et de poussire – et
soudain d’une traîne de feu bleu cobalt. Le garde, gauche de
Lythande, un jeune homme qui avait paru inquiet durant tout le
trajet, grogna et baissa la tête lorsque la flamme passa au-
dessus de lui, droit vers l’paule de Lythande.
Bien que sa cape ft l’preuve du feu, elle détestait se
tordre le cou pour parler à quelque chose perché sur son épaule.
Murmurant une incantation afin d’ignifuger sa peau, elle leva
calmement une main et la salamandre atterrit sur son poignet
gauche, ce qui lui permit de la tenir devant elle. Elle reconnut la
bte, comme elle s’y attendait. Alors que la plupart des gens, en
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