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Ki et Vandien-1-Le vol des harpies
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Megan Lindholm
Alias
Robin Hobb
LE VOL DES HARPIES
Le cycle de Ki et Vandien
I
Traduit de l’américain par Xavier Spinal
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Titre original :
Harpy’s Flight
Texte original © 1983, Megan Lindholm Ogden
Traduction française © Les Éditions Mnémos, Mars 2004
15, passage du Clos-Bruneau
75005 PARIS
www.mnemos.com
ISBN : 2-915159-18-1
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Chapitre I
La femme n’était qu’un point improbable sur la paroi
verticale de la falaise. Sans l’aide de l’expérience ou d’outils, elle
progressait maladroitement le long de l’empilement de strates
schisteuses à ciel ouvert. Son pourpoint de cuir bien ajusté et
son pantalon en toile grossière étaient imprégnés de poussière
minérale grise. Comme un insecte, elle avait pris la couleur de la
falaise qu’elle escaladait. La sueur avait collé ses cheveux bruns
au sommet de son crne. Des nuds et des boucles complexes
maintenaient la longueur de sa chevelure, mais le vent en avait
détaché quelques mèches, les laissant s’emmêler devant ses
yeux. Elle frotta son front mince contre la roche grise. Ses mains
étaient occupées.
Quelque antique cataclysme avait fendu cette montagne,
faisant s’effondrer sa façade verte à son pied dans un grand tas
de pierre et de terre. Loin au-dessus de la femme, la montagne
était toujours coiffée de terre et de verdure. Mais la femme
grimpait sur de la roche schisteuse à vif. Ce matin, elle s’était
tenue dans l’entrelacs de broussailles et d’arbustes qui
poussaient sur cet ancien éboulement. Elle avait levé les yeux
vers la roche noire et lisse pour observer une certaine corniche à
plus de trois quarts de la hauteur de la montagne. Elle avait
considéré ses chances d’atteindre cette corniche et avait estimé
n’en avoir aucune. Puis elle avait commencé son ascension.
Maintenant, sa main gauche était agrippée à une petite
aspérité dans le schiste. Elle fit prudemment porter une partie
de son poids dessus. L’aspérité se décrocha, aussi nettement que
si elle avait été coupée au ciseau, et dévala la paroi de la
montagne. Ki fouilla nerveusement de la main une autre fissure
et s’accrocha, haletante, à la falaise. Elle savait qu’elle était
proche. La corniche, faisant à peine plus qu’une bosse sur la
paroi rocheuse, l’attirait aussi sûrement que le sang dans l’eau
attire le requin. Elle regardait parfois par-dessus son épaule et
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apercevait à peine le sol de la vallée. Elle était partie aux
premiers rayons de l’aube. Elle devait être tout près de son but.
Elle était collée trop étroitement à la paroi pour lever les yeux.
Le soleil tapait sur le sommet de sa tête. Il était monté dans le
ciel plus vite que Ki n’avait grimpé la falaise. Le temps lui
glissait entre les doigts, s’effritant comme la roche pourrie
qu’elle escaladait.
Elle avait d’abord grimpé sans aucune prudence, s’élançant
depuis ses appuis et tâtonnant à la recherche de prises qu’elle
n’était pas certaine de trouver. La haine brûlait dans ses veines.
Mais au fur et à mesure que la roche se faisait plus abrupte et
plus glissante, les prises devenaient précaires et sa colère avait
reflué pour n’être plus qu’une sensation vague et douloureuse
de vide. A présent, elle se collait à plat contre la montagne, le
visage appuyé sur la pierre chauffée par le soleil. Il n’y avait plus
que la mort en elle, maintenant. Elle p ouvait rester immobile
pendant un moment, mais elle ne pouvait pas se reposer. Les
bras levés pour se maintenir, elle n’osait pas inspirer trop
profondément. Chacun des muscles tendus de son corps
demandait avec force cris de se relâcher. Ki les ignora.
Elle frotta son pied gauche contre le schiste lisse et ses
orteils finement chaussés cherchèrent la moindre aspérité où ils
pourraient s’accrocher. Ils trouvèrent un petit rebord. Ki y posa
délicatement ses orteils et transféra prudemment le poids de sa
jambe. Il tenait bon. Elle fit porter plus de poids dessus, glissant
son corps vers le haut. Sa poitrine et son ventre raclaient le
schiste et les crampes de ses doigts devenaient presque
insupportables. Tout son poids reposait maintenant sur ses
doigts et les orteils de son pied gauches. Sa main droite était
libre de ramper le long de la roche lisse, à la recherche d’une
prise.
Ki cligna des yeux, essayant de les dégager de la poussière
de pierre, de la sueur brûlante et d’une mèche de cheveux qui se
collait à ses cils. Son front était écrasé contre la roche. Les
muscles de sa main gauche étaient tellement contractés qu’elle
ne sentait plus ses doigts. Sa main qui tâtonnait trouva une
aspérité. Ses doigts, puis sa main entière prirent appui dessus.
C’était une bonne prise, profonde. Ki prit une nouvelle
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