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MEP_LCVcitadelle
Villes et Pays d’art et d’histoire
Langres
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La dernière citadelle française…
A Langres, aucun ensemble urbain n’est aussi cohérent que la citadelle.
Construite d’un seul jet à partir de 1842, cette forteresse est la
« dernièrecitadellefrançaise», l’ultime exemplaire de ces
forteresses bastionnées construites depuis trois siècles à proximité
immédiate des villes pour les protéger ou les contrôler. A elle
seule, elle vient doubler le périmètre fortifié de la cité en le portant
à plus de 8 000 mètres et hisser celle-ci sur la plus haute marche
du podium européen des plus grandes enceintes complètes !
Après elle, seuls les forts détachés permettront la protection de ces
dernières contre une artillerie devenue trop puissante et destructrice.
Barrage et base de soutien
Bâtie à 600 mètres au sud de l’enceinte
urbaine, la citadelle fut conçue pour barrer
définitivement l’éperon de Langres. Elle
devait donc pallier les carences défensives
de cette dernière, dont les remparts furent
entièrement repris et adapté dans le
même temps (1843-1856).
En cas de conflit, la place de Langres était
destinée à rassembler et soutenir une armée
manœuvrant en profondeur entre Vosges
et Jura. Dans ce cas de figure, les réserves
et munitions accumulées à l’intérieur de
la citadelle devaient ravitailler 13 000
hommes et 1000 chevaux pendant six
mois ! Dans l’éventualité d’un revers aux
frontières, elle pouvait devenir l’ultime
point fortifié capable de ralentir la
progression d’une armée ennemie ayant
percé à Belfort et se dirigeant sur Paris.
Un ensemble à redécouvrir
Durant près d’un siècle et demi, les
troupes logées à la citadelle ont constitué
un élément essentiel de la vie langroise.
Acquis par la Ville à partir en 1996, cet
ensemble est en cours de reconversion ;
la qualité de ses bâtiments, l’intérêt de
ses fortifications et sa position urbaine
Entrée
du quartier
Turenne
(Coll. Service
Patrimoine)
Sur cette vue colorisée d’avant 1957, la place d’Armes de la citadelle apparaît
au premier plan, vue du sud. Les immeubles HLM des Ouches-Turenne n’occupent
pas encore les terrains de l’ancien camp retranché (Coll. Service Patrimoine)
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désormais centrale sont autant de qualités
qu’il s’agira de révéler et de mettre en
valeur afin de prouver « l’excellence
patrimoniale» de cette citadelle.
Un périmètre fortifié
plus que doublé
En janvier 1841, suite à de soudaines
tensions internationales avec l’Angleterre,
la Russie, la Prusse et l’Autriche à propos
du Moyen-Orient, le Comité des Forti-
fications vient clore plusieurs années de
tergiversations en affirmant qu’« ilyadonc
maintenantunanimitépourfairedeLangres
lagrandeplacededépôtdesfrontièresdu
Nord-Estetdel’extrêmedroitedela
défensivedel’intérieur». Commencée
en 1842, la construction de la citadelle sera
l’application directe de cette résolution.
Plusieurs fois modifié, le projet définitif
lui assigna l’accueil d’un régiment
d’infanterie (soit d’environ 3 000 hommes)
et d’une place de dépôt pour une armée
créée à Langres lors de la mobilisation.
Langres devint dès lors une énorme place
forte à « double tête ». L’enceinte urbaine
et la citadelle, bien que reliées entre elles
par deux courtines délimitant un camp
retranché (actuels quartiers Ouches-
Turenne), sont deux entités fermées et
autonomes conçues « bastion contre
bastion » et s’épaulant l’une l’autre en cas
d’attaque ou prolongeant la résistance en
cas de prise d’une des deux forteresses.
De vaines recommandations
En avril 1698 déjà, inspectant les
fortifications de Langres, Vauban
préconisait la construction d’un « camp
retranché» au sud de l’enceinte urbaine,
qui, « bâtientempsdepaix,pourrait
serviràyabriterhuitoudixmillehommes
entempsdeguerre». Mais vingt ans
auparavant, suite à l’annexion de la
Franche-Comté, Langres a cessé d’être
une place forte frontalière ; Vauban ne
construisit aucun ouvrage à Langres,
attaché qu’il était à défendre Besançon
et Belfort. Pour plus d’un siècle et
demi, la modernisation – voire même
l’entretien – des fortifications devint
une préoccupation secondaire pour les
autorités municipales.
La dure leçon de 1814
Le 17 janvier 1814, Langres capitule
sans combattre devant les troupes
autrichiennes. La « Pucelle»
(autodénomination officielle figurant
sur les sceaux municipaux) perd sa
virginité ! Tirant les leçons de cette
déconvenue, la Commission de Défense
déclare bientôt que « Langresdoit
devenirunegrandeplacefondamentale
deladéfenseduroyaume,tantpourles
deuxfrontièresduRhinetduJuraque
pourl’intérieur». Si 1821 marque le
classement de la ville comme place forte
de deuxième catégorie, il faut toutefois
attendre1832pourquesesédilesencèdent
les remparts et les terrains avoisinants
au Génie militaire, condition préalable
de la restauration de l’enceinte urbaine.
L’enceinte
Construites sur un terrain totalisant
79 hectares d’emprise militaire, les
fortifications de la citadelle s’étirent sur
près de trois kilomètres et occupent
pour l’essentiel le site d’une nécropole
gallo-romaine. Huit bastions* à cavalier lui
donnent une forme étoilée. Cette enceinte
était précédée de fossés atteignant jusqu’à
25 mètres de largeur et 10 mètres de pro-
fondeur. Elle se verra précédée au sud de
deuxouvragesavancés(lunettes)constituant
les premières protections de la forteresse.
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Les accès
La citadelle est accessible au nord comme
au sud par deux doubles portes, autrefois
équipées d’un pont-levis. Une demi-lune*
conférait à la porte sud une protection
supplémentaire en évitant les coups
directs de l’assaillant. La citadelle était
traversée par la route conduisant à Dijon.
Porte nord (Photo P. Thomas)
Les casernements
Quatre casernes d’infanterie, pour
750 hommes chacune, encadrent la place
d’Armes implantée à l’ouest de la route
de Dijon. Elles témoignent de la dernière
génération de ces bâtiments mettant les
personnels à l’abri des projectiles.
Entièrement voûtées à l’épreuve des
bombes sur trois, voire quatre niveaux,
elles possédaient initialement un toit-
terrasse surmonté d’un massif de terre
et d’une toiture classique après 1870.
Chaque caserne était équipée d’un
bâtiment annexe et indépendant
regroupant latrines et cuisines (par
exemple l’actuel foyer Fernandel). A partir
de 1888, cette partie de la citadelle prit
le nom de « quartier Turenne ».
Conséquence de la création des chicanes
d’accès, cet axe fut déplacé de quelques
dizaines de mètres, vers l’est, entre les
deux portes évoquées. Récemment
encore, un alignement d’arbres cent-
cinquantenaires rappelait l’ancien tracé
routier, au milieu de la place d’Armes.
Une stricte
répartition
A l’est, la manutention, voûtée à
l’épreuve sur trois niveaux, rassemblait
les trois fours à pain de 500 rations
(500 pains à chaque fournée et six
fournées par jour !), et les magasins de
stockage des grains. Les deux magasins
aux vivres (autres que les grains) orientés
est-ouest, mais non voûtés, occupaient
les ailes en retour de la manutention ;
en tout, 4 400 000 rations étaient stockées
dans ces magasins ! La cour ainsi
formée était fermée à l’est par le
bâtiment abritant les lits militaires.
* bastion
ouvrage pentagonal faisant saillie sur une
enceinte.
* demi-lune
ouvrage retranché, placé devant la
courtine (en général entre deux bastions)
et entièrement cerné de fossé.
Caserne
nord-est
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Vue cavalière
de la citadelle vers 1900
Une réalisation vite dépassée
Dès 1858, l’apparition du canon rayé
marqua l’avènement de l’obus chargé
d’explosifs. En augmentant la portée de
l’artillerie de siège ainsi que la trajectoire
des projectiles, cette innovation
condamna les superstructures en pierre
et les bastions. Ainsi donc, la citadelle
de Langres fut dépassée dès son
achèvement. Il fallut attendre 1868
pour que, sous la menace de la guerre
franco-prussienne, soit décidée la
construction des forts de Peigney et de
la Bonnelle. Enterrés et disposés à
quelques kilomètres de la ville, ces
ouvrages auront pour objectif de placer
la citadelle de Langres hors d’atteinte de
l’artillerie adverse.
route, est le dernier grand bâtiment
réalisé avec les « crédits extraordinaires »
attachés à la construction de la citadelle.
Chargé d’abriter et d’entretenir l’artillerie
d’une armée regroupée sur Langres, ses
matériaux (pierre de taille) et ses
dispositions (larges ouvertures au rez-
de-chaussée) lui confèrent une identité
de grande qualité architecturale.
La création d’annexes
Le dernier tiers du XIX e siècle voit le
dispositif de stockage et de soutien
complété par la construction en 1875
d’un vaste magasin à ossature
métallique au sud de l’arsenal ainsi
que de deux poudrières enterrées.
Trois ans plus tard, des magasins
généraux d’Armée sont établis au pied
de la ville et desservis par une voie
ferrée spécifique, raccordée à la ligne
Paris-Mulhouse. Venant compléter la
capacité de stockage de la citadelle, la
« poudrière des Franchises » sera
détruite par la Résistance en
septembre 1943.
Manutention (Photo P. Thomas)
Arsenal
(Photo
P. Thomas)
L’hôpital, d’abord prévu pour 600 malades
ou blessés, vit finalement sa capacité
ramenée à 140 lits. L’arsenal, construit
en 1856-1858 perpendiculairement à la
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